Vert venin
Vert venin
Entre elle et les avions l’inimitié est totale : comment confier sa vie à une machine suspendue dans les airs ? Mais un ami au loin la réclame, elle vole à son secours, jusqu’à Sarajevo. Le cœur des Balkans s’ouvre à elle, ombreux et poussiéreux comme un souvenir d’enfance. La terre albanaise est proche, ce sentiment la chavire. Ici toute chose prend un goût autre, la pluie vous imprègne comme nulle part, les vieilles femmes ont une odeur de terre, avec une soupe elles peuvent guérir un moribond. Ce monde est stupéfiant de merveilles et de terreurs, on y est chez soi et étranger à soi-même. Comme dans la mémoire d’une vie imaginaire. Cet entre-deux suggère l’irréalité. L’ami malade a pris les devants. Bravant l’inexistence, il s’est enfermé dans son appartement, trois chiens accompagnent joyeusement son exil intérieur. Vert venin est comme un travelling de pensées et d’émotions, de rencontres et d’étonnements, d’images effleurées d’un regard, d’impressions et paroles transformées en secrets — une subtile mélodie apatride, vive et caustique, qui distille à plaisir le poison du voyage.
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Aline –