Le Tassili n’Ajjer

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Tassili n’Ajjer – ⵜⴰⵙⵉⵍⵉ ⵏ ⴰⵣⴶⵔ – طاسيلي ناجر

Depuis un bon moment, le Sahara se refaisait une beauté. Sans touristes pour arpenter ses reliefs sableux et rocailleux, dans un contexte géopolitique incertain. En effet, depuis 2003, les groupuscules extrémistes tissaient leurs toiles dans le désert et frappaient de temps à autre les voyageurs s’y aventurant, de la Mauritanie au Tchad.

En décembre, le Quai d’Orsay a passé le Tassili n’Ajjer en « orange », alors c’est parti, embarquement pour l’Algérie !

Quatre heures de vol plus tard, l’avion rebondit sur la piste de l’aéroport de Djanet, malmené par un fort vent de sable. Il est 3 heures et je baille. J’attends patiemment dans la file que l’on me délivre mon visa. Quasiment autant de militaires que de passagers, à la recherche de GPS ou de jumelles interdits dans la région.
L’un d’eux allume ma clope sous le panneau « interdiction de fumer » et je rejoins Marc, notre guide pour le séjour, qui nous emmène dormir quelques heures à l’auberge.

14 heures. Nous quittons la ville à pied, sous un soleil de plomb, zigzaguant entre les détritus qui jonchent le sol. Il faut rejoindre les chameliers et leur caravane de gros madaires qui nous attendent sur le plateau. Nous louvoyons au milieu de formations rocheuses créées par l’érosion, émergeant des dunes de sable, qui évoquent de loin les ruines de villes antiques, ou une armée de golems endormis aux portes du Mordor…

Formations de grès

Le temps de dresser la tente au creux d’une dune et Mohammed, le cuistot, apporte les gamelles que nous nous partageons dans de jolies assiettes en plastique orange.

La routine s’installe vite : Lever vers 6h45, rangement du matériel, petit-déjeuner, et on part pour 4 heures de marche, avant qu’il ne fasse trop chaud. Vers midi nous rejoignons les « chameaux » et déjeunons à l’ombre d’un acacia ou d’une paroi rocheuse, à la fraîche, pour repartir vers 14 heures.
3 plombes encore sous le cagnard et on remonte le camp.

Les paysages sont magnifiques : le relief du tassili n’Ajjer est particulièrement tourmenté ; les immenses plaines rocheuses laissent parfois la place à des « forêts » de monolithes creusées de multiples failles et canyons recelant parfois une guelta alimentée par les rares et violents orages qui ravinent le désert tous les deux ou trois ans. Plus de 15 000 dessins et gravures permettent d’y suivre, depuis 6000 av. J.-C. jusqu’aux premiers siècles de notre ère, les changements du climat, les migrations de la faune et l’évolution de la vie humaine aux confins du Sahara.

Le tout dans un écrin de dunes immenses, orangées, qui s’étirent à perte de vue… Les nuits froides laissent apparaître la Voie lactée malgré la Lune gibbeuse et Vénus et Jupiter, en conjonction, se rapprochent doucement pour un bref baiser cosmique.

Tout est à sa place…

120 kilomètres plus loin, c’est le dernier déjeuner assis dans le sable. Nous laissons là nos gros madaires, les 4×4 viennent nous rechercher et nous retournons, encore émerveillés, à l’auberge.
Première douche depuis une semaine, l’eau bienfaisante nettoie le sable et la crasse accumulés dans les moindres pores de notre peau. Plaisir ! Et la nuit tombe sur Djanet, nous profitons de quelques heures de repos avant de repartir vers l’aérodrome pour un vol de nuit et un retour à la « civilisation ».

Livre lu sur la route :

Un tocard sur le toit du monde (Nadir Dendoune)

Cet article a 9 commentaires

  1. Catherine

    Merci de nous faire partager tous ces beaux voyages
    Cela donne envie de partir
    continuez !!

  2. LEMAN

    merci pour ce beau voyage et bravo à l’auteur pour sa superbe réalisation. Tout cela fait rêver.

  3. Rachel

    . Maintenant je comprends cette destination : c’est fabuleux 🥰

  4. Lecoeuvre

    Merci de nous faire partager ce voyage et de nous donner l’envie de découvrir ces paysages magnifiques

  5. Magnifique ! Quelle invitation au voyage ! et merci pour les petits détails croustilllants ! Et que des merveilles minérales, ces sentinelles pétrifiées, ces peintures pariétales, un voyage dans le temps !

  6. Béatrice Valembois

    Quel beau reportage, quelles belles photos! Merci de nous faire rêver…

  7. Jean-Luc Joly

    Tout cela me rappelle une escapade en Libye en 2003. Maintenant que l’Algérie s’ouvre, il ne faut pas hésiter à y vivre l’aventure.
    Merci Gégé pour ce partage !

  8. sampalapopi

    Waaa… !

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